L’INSTANT MÉTACOGNITION AVEC LES ÉLÈVES

Il est fréquent de constater que les difficultés de certains élèves résident dans le fait de ne pas  faire la différence entre la tâche et l’objectif d’une activité. Ces élèves, qui ne sont pas encore secondarisés (1), peuvent alors être des exécutants efficaces sans pour autant assimiler la connaissance liée. Il est possible d’y remédier partiellement  en explicitant davantage cette dissociation et les consignes pour lever les implicites mais, visant l’autonomie des élèves, il serait aussi intéressant de les former progressivement à lever eux-même cet implicite.

Comment amener progressivement les élèves à se secondariser (1)  ?

L’équipe des classes coopératives du lycée Feyder mène cette année une nouvelle expérimentation au long cours: « l’instant métacognition » ou T.I.M.E. (temps d’interrogation des méthodes d’études)

« Un instant pour porter et changer, progressivement,  son regard sur les apprentissages et voir ses progrès tout au long de l’année »

OBJECTIFS

Pour l’enseignant :

  • Détecter les élèves non secondarisés (1) (capacité de dissocier la tâche de l’objectif cognitif)

Pour l’élève :

  • Permettre une dissociation tâche/objectif progressive
  • Instituer un temps pour se “regarder apprendre”
  • Prendre conscience de ses progrès

RÉFÉRENCE

« Le journal des apprentissages : quelle réflexivités » par Jacques Crinon.

“Apprendre à apprendre” de Zakhartchouk

 

MODALITÉS EXPÉRIMENTÉES

1- A la fin de quelques cours, l’élève récupère son cahier de métacognition ou remplit un questionnaire en ligne (cf annexe).

 Il indique :        – La date et la discipline

                             – “Qu’est ce que tu as fait ?”

                             – « Qu’est ce que tu as appris ? »

                             – « Comment l’as-tu appris ? »

2 – Deux élèves sont interrogés à l’oral pour lire leurs réponses.

3 – Le professeur demande s’il y a d’autres types de réponses. 

(L’objectif ici est de faire ressortir les réponses qui dévoilent les élèves secondarisés et les non secondarisés (1) pour croiser les compréhensions)

4 – Si aucun élève n’exprime de confusion entre la tâche et l’objectif, l’enseignant l’exprime et demande si des élèves ont écrit ce type de réponse.

5- En partant de ces réponses, un élève ou l’enseignant explicite la différence entre l’objectif et la tâche réalisée (le comment ?)/

→ La modalité du questionnaire en ligne permet le traitement des données en fonction des disciplines et de détecter une éventuelle évolution générale, spécifique aux disciplines, …

 

CONDITIONS A SUIVRE POUR l’EXPÉRIMENTATION

– Cette modalité se met en œuvre sur 5 min à la fin de quelques cours dans toutes les disciplines.

– Cette modalité se réitère de manière régulière et fréquente.

– Cet exercice peut être refait au début de la séance d’après pour identifier les élèves qui n’ont toujours pas acquis la distinction tâche/objectif malgré la discussion collective.

– L’enseignant veille à ce que toutes les réponses soient accueillies de manière bienveillante.  Pour les réponses non secondarisées, l’enseignant doit partir de la représentation de l’élève pour l’amener à distinguer l’objectif de la tâche. Se concentrer sur la tâche doit être indiqué comme étant naturel aux élèves, mais cela doit être l’occasion de faire ressortir l’implicite. 

– Un bilan en équipe est prévu aux vacances de la Toussaint.

 

PERSPECTIVES EXPÉRIMENTALES

Du côté enseignant, ce serait très intéressant de collecter, au fur et à mesure de ces moments, des exemples, soit de confusions, soit de parole de secondarisation. A terme, un tel document pourrait servir de support pour les enseignants et pour les élèves (dans le cadre d’une éventuelle formation à leur endroit). 

– Cette modalité peut se déployer par l’application wooclap. Dans ce cas, l’anonymat ne permet pas de satisfaire l’objectif de détection mais permet de visualiser l’ensemble des réponses pour alimenter une discussion collective.

DOCUMENT ANNEXE:  EXEMPLE DU QUESTIONNAIRE ÉLÈVE: 

TIME

https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSdemjuOlOYhhzZLzK5kiM3rklyX69sR6EvbW4ZVugUvQjgqnw/viewform?usp=pp_url

 

Vos retours sur ce dispositif nous intéressent pour le faire évoluer par la mutualisation.

Un premier bilan sera dresser en novembre.

Reynaud Laurent

 

(1) « Le processus de secondarisation peut être défini comme une transformation et une reconfiguration cognitive des élèves, consistant à passer d’une maîtrise pratique du monde et des savoirs à leur maîtrise symbolique. » – Analyse d’une séance de géographie à l’école élémentaire : regards didactiques et socio didactique. Par Thierry Philippot et Christine Bouissou.

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